PRESSE
expérimenter le réel réalité revisitée
Encore une fois la question de l'œuvre d'art se dissolvant dans la vie, et des artistes assumant cette vie qu’ils réinventent se manifeste. Cette fois-ci c’est l'historien d'art contemporain Paul Ardenne qui s’y frotte s'étant laissé convaincre d’assumer la coresponsabilité (avec Jackie-Ruth Meyer) de l'exposition montrée au centre d'art Cimaises et Portiques d'Albi. Dans le cadre quasi romantique de ce lieu, un ancien moulin à eau niché sous les contreforts de la vieille ville l'exposition ou plutôt la manifestation apporte un vent de fraîcheur voire d’insolence pour qui se pose les sempiternelles questions du statut de l'artiste, de la valeur de l’accrochage et des pièces présentées. Questions qui interpellent tous les publics. Raphaël Boccanfuso est producteur d’une communication innovante dans le milieu de l'art mais bien connue des hommes du marketing. Empruntant les techniques de la communication il inverse la position de l'artiste, toujours au centre de l'exposition mais encadré de par le dispositif de sélection et de critique. Président de R.B. mécénat, il endosse le statut de partenaire et en assume le rôle. En customisant sa propre BXGTI il fait la publicité par l’objet de la manifestation, action d'autant plus pertinente que ce qui est à "vendre" ici ressort plutôt de la prestation de service que d'objets pérennes. On peut ainsi louer la boîte de nuit ambulante-buvette de Marc Boucherot, un triporteur détourné, diffuser le clip que Nicolas Barrié a réalisé aux Chiapas et en même temps faire une bonne action, une partie des droits étant envoyée au Mexique. On peut proposer aux interventions du groupe Stalker un lieu urbain en mal d'identification, inviter Liliane Viala chez soi pour transformer la soirée en subtil happening artistique ou permettre à Simon Starling de présenter l'énergie enregistrée par des capteurs solaires au sommet d'une colline du parc berlinois Otto Lilienthal. D'autres artistes participants livrent des installations ou des propositions prolongeant, retournant ou revisitant la réalité. Citons Annette Weisser et Ingo Vetter qui opèrent la translittération d'un événement public, - la manifestation contre la mondialisation à Nice en décembre dernier - dans un parterre de fleurs, les violettes marquant l’emplacement des forces policières, les jaunes celui des manifestants. L’exposition est placée sous le parrainage du groupe Untel, trois artistes français des années 70 à savoir Jean-Paul Albinet, Philippe Cazals et Alain Snyers qui depuis ont affirmé chacun leur individualité. La pièce se présente comme un dispositif de stands de grand magasin, rayon bricolage. Untel avait mis sous blister des coupures de presse, des fragments de propos recueillis et des publicités pour les loisirs organisés. L’unité rigoureuse de présentation de cette pièce renforce sa charge critique situationniste du " conditionnement " un mot qui faisait fureur à l’époque. Elle représente un morceau d’anthologie de la vie quotidienne d’une génération politisée pour laquelle la confrontation de l’individualité à la consommation de masse sonnait l’urgence d’un discours critique. Anne-Marie Morice
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© Raphaël Boccanfuso 2009