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Va voir dehors si j’y suis !, 2008, 6 min. 24
Production : Office Départemental de développement culturel des Côtes d’Armor, la galerie du Dourven reçoit le soutien du Conseil Général des Côtes d’Armor, du Ministère de la Culture et de la communication - DRAC Bretagne

Performance réalisée lors du vernissage de l’exposition Va voir dehors si j’y suis ! à la galerie du Dourven - 5 avril - 1er juin 2008.

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Courrier (faisant partie du dossier de presse) adressé à Didier Lamandé, directeur de la galerie du Dourven

 

Cher Didier Lamandé,
Je tiens à vous remercier, une fois encore, pour votre invitation à venir découvrir le domaine du Dourven et son espace d’exposition. J’y montrerai donc mon travail, un ensemble de pièces, pour l’essentiel, inédites et réalisées sur place.
Voici comment je vois les choses et comment je pourrais les faire voir.

Soit, la galerie, avec ses larges baies vitrées, offre un vaste panorama sur la mer : un format marine hypertrophié, pour nos amis les peintres. Cependant, il me semble qu’à contempler le paysage depuis l’intérieur, pris du mauvais côté de l’aquarium, comme si l’étendue de l’ouverture et la profondeur du champ visuel étaient proportionnelles à la sensation d’exclusion qu’elles génèrent, la mer n’est définitivement pas là. Ce n’est pas la même expérience qu’être pris dans son sel et moulé dans sa masse liquide, pour cela il faut s’y plonger ! Elle ne peut être derrière une vitre, un écran. Les vitrines, les boîtes, les bocaux et toutes ces choses que l’on trouve dans les musées puent le formol et la mort ! La mer est bien vivante, elle ! La mer, c’est l’air qu’elle déplace, sa respiration et les sons qu’elle produit, toute chose absente depuis ce point de vue.

Considérons donc que les surfaces vitrées du centre d’art, ce que tu nommes ”la machine à voir ”, font écran à la réalité. Il faudrait faire dérailler ” la machine à voir ” comme on couperait les jarrets d’un trop beau cheval de course. L’image d’une pipe ne mettra jamais le feu à la maison. La réalité, il faut sauter dedans à pieds joints, mettre les deux pieds dans le plat, la mettre à l’épreuve, et la tâter sérieusement, avec application ! Il faut passer à l’acte ! Et pourquoi ne pas briser l’écran, la faire entrer brutalement dans l’espace d’exposition par effraction? Franchir le pas, et se laisser envahir par la réalité du paysage vécu.

De l’eau, de l’air, vite ! un pavé de granit rose pour caillasser les vitres ! Le dedans enfin dehors, partie prenante du paysage, retourné comme la chaussette d’une fin de journée, au pied du lit.
La vocation du centre d’art, son orientation et son axe de réflexion sont le rapport au paysage, le site exceptionnel le réclame, je comprends. J’ai pris l’habitude de faire où l’on me disait de faire ; il y a Lucio Fontana, son cutter et ses fentes, Saburo Murakami, ses pénétrations et son ”veuillez entrer s’il vous plaît”; et bien, moi aussi, je suis peintre, dans la tradition, et mes outils sont les pavés et le pied-de-biche et mes supports les fenêtres et les portes.

Rendez-vous est donc pris pour le samedi 5 avril à 18 heures précises, qu’on respire enfin !
Et sinon, VA VOIR DEHORS SI J’Y SUIS !

Raphaël Boccanfuso, le 15 février 2008

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© Raphaël Boccanfuso 2009