TEXTES DIVERS
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Aux couleurs du Frac Languedoc-Roussillon, 1998 Installation: Une épreuve unique couleur au cinémomètre 10 x 15 cm un tirage jet d’encre couleur contrecollé sur aluminium ( 5 exemplaires) 80 x 120 cm
Cette installation est constituée de pièces à conviction qui relatent une performance délictueuse de l’artiste Raphaël Boccanfuso. En effet, comme le précise clairement la photographie agrandie du cinémomètre envoyé par les gendarmes : le 6 octobre 1998 à 15 h 15, un homme cagoulé tel un pilote de rallye, a commis un excès de vitesse sur l’autoroute A 61 (161 km/h), il était au volant d’une voiture d’occasion maquillée d’emblèmes de « sponsors ». Or, outre le problème qui consiste à enfreindre une loi a fortiori contournée par monsieur tout le monde tous les jours ou presque, et qui jette les bases d’une fiction policière, le jeu de la transgression se fait plus acéré et ambigu à la lecture des autocollants qui tapissaient alors la voiture vrombissante du jeune artiste : les « couleurs » du Frac Languedoc-Roussillon – au travers de son logo – y étaient particulièrement visibles, mais on pouvait aussi y reconnaître ceux du Ministère de la Culture et de la Communication, la Drac et la DAP ayant alloué une aide pour la réalisation de ce travail. Le positionnement de l’artiste est évidemment fortement critique, et n’est pas dénué d’une dimension parodique dans la référence à un sport populaire surmédiatisé et recontextualisé par Boccanfuso, tout comme d’une distance ironique qui s’ancre dans le fait de solliciter certaines institutions pour outrepasser la légalité. C’est d’ailleurs le Frac Languedoc-Roussillon qui a payé le procès verbal de Raphaël Boccanfuso, acceptant de se prêter à cette «course-poursuite» du chat et de la souris, dans laquelle on ne sait plus bien qui est pris - voire qui provoque qui - , puisque l’institution, tout en se prémunissant de l’Académisme, permet à ce type de démarche d’exister. Bien que cette dernière ait mesuré ici les risques, il semble pour le moins séduisant de se demander jusqu’où un organisme culturel subventionné par l’état peut aller, quelles sont ses limites, et si la tentation que suscite toute forme de transgression ne peut devenir un engrenage…
Chrystelle Desbordes | |
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© Raphaël Boccanfuso 2009